L'histoire de l'Abbaye de Saint Pé-de-Bigorre

L’abbaye, plus connue sous le nom de l’abbaye Saint Pé de-Générés, fut fondée aux alentours de 1022 par des moines de Saint-Sever de Rustan, appartenant à l’ordre de Cluny.

En 1022, le duc de Sanche de Gascogne, visitant son duché avec son vassal le vicomte de Béarn, se rend dans un lieu presque désert, mais qui connaît une certaine notoriété pour ses guérisons miraculeuses. Sanche, atteint de maladie, retrouve la santé après son passage à Générés et c’est alors, qu’il décide d’y faire construire par les moines de Saint-Sever de Rustan, une abbaye en l’honneur de Saint Pierre et Saint Paul. La légende, nous renseigne même, sur l’origine de ce miracle. Il s’agirait de bouts de la chaîne qui auraient servi à enchainer Saint Pierre lors de son martyr à Rome. Ces reliques([1]), par la suite, auraient été fondues pour fabriquer la clé de Saint Pierre qui se trouve exposée dans l’église, qui est devenu l’église paroissiale de la commune de St-Pé.

La fondation de l’abbaye de Saint-Pé de Générès correspond à l’essor du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, initié au début du IXème siècle. Situé sur le chemin des pèlerins, le hameau devient un haut lieu de pèlerinage jusqu’au XIIIe siècle. L’abbaye servait, à l’époque, de grand relais aux pèlerins, avant la traversée des Pyrénées([2]). Pour attirer les colons dans cet endroit peu peuplé, les moines de l’abbaye accordèrent alors des terres et des exonérations à ceux qui voulaient s’établir à Saint-Pé de Générès.

L’église abbatiale romane du XIe siècle([3]) a été remaniée aux XIIe et XIIIe siècles. De l’église consacrée en 1096 subsistent une partie de la nef triple et deux absidioles orientées (l’abside centrale est du XVIIe siècle). Au XIIe siècle, les moines se firent construire un transept et un chœur à l’ouest. Double, il répondrait au désir de séparer les fonctions d’abbatiale et de paroissiale.

A son achèvement, au XIIIème siècle, cette église est l’un des plus grands sanctuaires romans de la région, mesurant plus de 60 mètres d’Est en Ouest et 25 mètres de large. Au fil des siècles, avec l’occupation anglaise (XIVe siècle), les moines ne parviennent plus à entretenir cet immense édifice dévasté durant la Guerre de Cent Ans et les Guerres de Religion. En 1569, les huguenots de Jeanne d’Albret, vicomtesse de Béarn et reine de Navarre, commandés par Montgomery, pillent et incendient l’abbaye et plus de 80 maisons de Saint-Pé. Les cloches furent emportées pour être fondues.

En 1661, l’église fut aussi sévèrement touchée par un tremblement de terre, qui fit s’écrouler en 1664, le superbe dôme de 40 m de haut, qui en faisait avec ses imposantes dimensions (60m x 25m), le plus grand sanctuaire roman des Pyrénées.

Les bénédictins de Saint-Maur, présents à partir de 1666, entreprennent de relever l’église de ses ruines en conservant le plan d’origine. Elle fut reconstruite en 1680, par les moines, sans le dôme, mais avec le clocher actuel, et une modification de l’entrée. Initialement celle-ci se trouvait du côté de la place, lieu de marché et centre de l’activité de la petite ville. Ce qui correspond au chevet actuel. Cette entrée était composée d’un portail monumental orné de douze statues représentant les apôtres. Le bâtiment fut vendu à la Révolution comme bien national.

La partie la plus ancienne se trouve vers le clocher où l’on peut admirer des chapiteaux sculptés du XIIe siècle. C’est là que se trouvait le chœur des moines.  L’église est classée Monument Historique depuis 1977. L’église bénédictine a été restaurée en 1995.

En 1822, Mgr Laurence, évêque de Tarbes, restaura les ruines de l’église et fit ajouter un petit séminaire. Ce dernier fut transformé en 1966 en établissement scolaire mixte (fermé depuis 1999).

Le 16 mai 2017, l’association Authenticité & Mission a fait l’acquisition de ce site dans le cadre d’un grand projet de réhabilitation sur 10 ans.

Lors de la journée porte ouverte du 15 septembre 2018, l’édifice a été rebaptisé Maison Maronite de la Mère de la Miséricorde.

[1] La relique dite clef de Saint-Pierre aurait été réalisée avec les chaînes qui auraient retenu prisonnier le fondateur de l’Église catholique. Elle aurait été envoyée ou…vendue par Rome, aux moines de l’abbaye et à d’autres paroisses sous la protection du saint. Historiquement, le Vatican sous Grégoire le Grand (VIIe siècle)  fit confectionner nombre de ces clés que les Romieux achetaient pour les mettre sur le tombeau du saint comme exvoto. Devant le succès commercial, le Vatican  en fabriqua un certain nombre pour les évêchés, dont les églises étaient dédiées à saint Pierre. Progressivement, un rite du toucher de la clé pour éloigner les maladies pris forme, puis il fut complété par celui de l’application de la clé rougie au feu sur le front des animaux solidement attachés censés être atteints de la rage. Ce rite cruel, qui tenait plus de la magie que de la prophylaxie, était appliqué par le curé ou le forgeron et perdura jusqu’après 1885 (date de la découverte du vaccin contre la rage de Pasteur) dans certaines paroisses dont Sunhar en Béarn. Par précaution, certains bergers faisaient subir ce traitement à leur chien. La vénération de la clé de saint Pierre était très vivace encore au XIXème siècle. Lors de la fête de l’apôtre, le 29 juin, elle était alors présentée aux fidèles durant les messes, puis lors de la procession du jour. À l’abbatiale de Saint-Pé, la relique était également vénérée par les pèlerins en route pour Santiago.

[2] En effet le village de Roncevaux se situe à environ 149Km du Village de St Pé-de-Bigorre

[3] Fondée par le duc Sanche V de Gascogne suite à une guérison en 1022, dans ces lieux et terminée vers 1096.

Les éléments protégés

La chapelle en totalité, y compris le porche d’entrée donnant sur la cour et l’oratoire de la Vierge situé au sud de ce porche et les éléments de sculpture romane remployés dans la chapelle et dans le porche (cad. AB 33) : inscription par arrêté du 14 août 2008

Périodes de construction :
19e siècle ; 1ère moitié 20e siècle

Architecte ou maître d’oeuvre :
Dausset (architecte) ; Dauvergne Anatole (peintre) ; Castaing René-Marie (peintre)